Axe d’étude 1 : Exploration et aventure

Si la langue anglaise s’est répandue aussi largement depuis plusieurs siècles, c’est avant
tout le fruit de l’action de nombreux explorateurs qui ont permis à la Couronne britannique de
transformer une bonne partie du monde en empire colonial. Tout en s’intéressant à certains
parcours humains remarquables (David Livingstone, Mary Kingsley), il convient de fournir
aux élèves les repères historiques, politiques, sociaux, économiques et philosophiques qui
sous-tendent la démarche impérialiste coloniale. L’appréhension de ces questions
complexes peut se nourrir de diverses sources documentaires, historiques mais aussi
littéraires, de Rudyard Kipling à Chinua Achebe en passant par Joseph Conrad ou
l’expédition de Lewis et Clark.
Il est intéressant de creuser ce qui semble constituer une forme d’esprit d’exploration
spécifique au peuple britannique, peut-être à cause de son statut insulaire. De nombreux
romanciers et journalistes britanniques férus de récits exotiques sont d’ailleurs de grands
voyageurs, à l’image de R.L. Stevenson ou de Gertrude Bell. Ainsi, de grands récits

d’aventures mettent en lumière des personnages héroïques qui accèdent parfois à des
statuts quasi mythiques à travers cette soif de découvrir le monde, que ce soit pour se
l’approprier ou pour asseoir une supposée supériorité nationale : on songe aux expéditions
polaires de Scott ou de Shackleton, et aussi à de nombreux personnages de fiction qui
reflètent cet insatiable esprit d’aventure.
Mais l’esprit d’aventure n’est évidemment pas l’apanage du peuple britannique. Il se retrouve
également aux États-Unis, pays fondé par des Européens porteurs de l’espoir d’un nouveau
monde puis de l’envie de repousser la « frontière », dans une logique expansionniste qui
devient l’expression d’une « destinée manifeste ». Cette frontière, ligne d’horizon de
l’exploration, contribue à donner peu à peu naissance à une nouvelle identité politique,
intellectuelle, religieuse, aux dépens des peuples autochtones déjà présents sur ces
territoires. Les arts offrent de multiples visions et illustrations de cet esprit d’aventure et plus
largement de l’exploration des grands espaces (romans de James Fenimore Cooper ou de
Jim Harrison ; films de John Ford), ce qui n’exclut pas une vision du monde souvent teintée
de colonialisme. L’exploration des grands espaces d’Australie ou d’Afrique est tout aussi
intéressante pour comprendre à travers la fiction ce qui contribue à forger une conscience
collective de l’espace conquis, mais une conscience souvent inégalement partagée entre
descendants de colons et de colonisés. Ces différents éléments constituent un terreau fertile
pour les auteurs de science-fiction, qui aiment à transposer dans d’autres lieux ou temps
certaines valeurs et pratiques issues du monde anglophone, avec plus ou moins de
déformation (Dune de Frank Herbert ; Avatar de James Cameron). De même, certains
discours politiques savent exploiter le souvenir d’un passé national structuré par l’esprit
d’aventure et d’exploration (discours sur la New Frontier de J.F. Kennedy).
L’exploration peut donc être le fait d’une nation, d’un groupe constitué mais aussi d’un simple
individu : pour peu qu’elle soit analysée comme une forme de quête, elle peut aller de pair
avec la quête de soi. Aussi peut-il être utile d’aborder cet axe à différents niveaux et jusqu’à
un degré élevé de subjectivité : pour un enfant ou pour un adolescent par exemple,
l’exploration du monde est fondamentale et tout y constitue une aventure, quand bien même
cela se limite à son environnement proche. Il s’agit alors de franchir des frontières au propre
ou au figuré, ce qui est à relier à l’idée de dépassement de ses propres limites : la littérature
de jeunesse, notamment, abonde d’exemples en la matière (Cider with Rosie de Laurie Lee,
Adventures of Huckleberry Finn de Mark Twain).
Soulignons enfin que l’exploration et l’aventure ne sont pas nécessairement liées à de
grands espaces terrestres à découvrir, fussent-ils réels ou virtuels. L’exploration se joue
parfois sur un terrain plus inattendu, soit parce qu’il est souterrain, spatial ou sous-marin, soit
parce que ce terrain est au contraire réduit à la petite échelle d’une ville, d’un quartier, d’une
zone oubliée. Les territoires explorés peuvent encore relever du domaine de la connaissance
ou de la science, de la théorie de l’évolution de Charles Darwin jusqu’aux découvertes
fondamentales sur la structure de l’ADN par Rosalind Franklin, Francis Crick et John
Watson.