Axe d’étude 2 : Mise en scène de soi

De nombreux artistes ont choisi de se mettre en scène dans leurs œuvres, dans une démarche artistique qui dépasse la simple mise en valeur narcissique

Certains se demandent qui ils sont, cherchent un sens à leur existence, dans une démarche cathartique. Les autoportraits, littéraires ou picturaux, jalonnent la production artistique et interrogent la notion même du sujet et de son identité (Samuel Taylor Coleridge, autoportraits de David Hockney). D’Oscar Wilde s’affichant en dandy dans une mise en scène vestimentaire savamment orchestrée aux artistes qui se sont construit des alter-ego, des avatars (David Bowie), la mode voire le travestissement participent de cette construction de soi.

Dans certains récits, la mise en scène de soi n’est pas seulement une expression de soi,
c’est aussi le contrôle de la postérité de son propre nom à travers la mise en scène d’une
figure. C’est notamment le cas des nombreuses autobiographies de dirigeants politiques
(Autobiography de Benjamin Franklin, My Early Life de Winston Churchill) mais aussi
d’artistes qui témoignent de leur rôle dans une époque (autoportraits de Vivian Maier).
Il s’agit également pour d’autres de réfléchir, ou de commenter leur propre personne, ou leur
rapport à leur art (Why I Write de George Orwell, One Writer’s Beginnings de Eudora Welty),
parfois en choisissant la fiction comme une forme plus sûre ou plus pudique de la mise en
scène de soi ou de l’autorévélation (Confessions of a Young Man de George Moore, ou
l’œuvre cinématographique de Woody Allen).


Concevoir une œuvre autour de sa propre existence peut être un moyen de se faire porteur
d’une identité collective. Les récits d’anciens esclaves, d’Indiens d’Amérique ou de
hyphenated Americans, par exemple, sont autant de voix faisant entendre la pluralité des
identités américaines (A Narrative of the Life of Frederick Douglass, an American Slave de
Frederick Douglass, The Absolutely True Diary of a Part Time Indian de Sherman Alexie).
L’autobiographie, le journal, mais aussi l’architecture, la sculpture, la peinture, la
photographie ou la musique peuvent servir la mise en scène d’un soi collectif, que cela soit
intentionnel (hymnes nationaux commissionnés, mémoriaux du National Mall à Washington)
ou non (chants traditionnels devenus chants patriotiques tels que Rule Britannia, Auld Land
Syne ou encore Land of My Fathers). À l’inverse, certains artistes se mettent en scène pour
remettre en cause les représentations communément acceptées (interprétation subversive
de l’hymne national américain par Jimi Hendrix ou de l’hymne national britannique par les
Sex Pistols ; Bloody Sunday de Paul Greengrass).