L’art qui fait débat

L’artiste se retrouve souvent au cœur de polémiques lorsque ses œuvres lorsque ses œuvres aboutissent à une remise en question des codes et des canons de son époque.

Cet axe d’étude permet d’évoquer les querelles esthétiques qui suscitent le débat tant parmi les critiques qu’au sein du public, au point même de semer le doute sur la dimension artistique de l’œuvre. C’est la question que font naître certaines installations d’art contemporain comme celles de Damien Hirst ou Tracey Emin. Les élèves peuvent également prendre conscience de la dimension avant-gardiste de la peinture en réaction aux normes de la Royal Academy (William Turner ou les préraphaélites) ou du pop art qui s’approprie les codes de la société de consommation pour les intégrer au processus créatif.

La culture anglophone est riche d’artistes qui se sont retrouvés au centre de polémiques, non pas en fonction de critères esthétiques mais à cause du regard porté par le public sur leur œuvre, à l‘aune des valeurs morales ou politiques de l’époque. Ainsi, il peut être judicieux d’évoquer certaines œuvres considérées comme sulfureuses en raison des tabous qu’elles brisent (ainsi Lady Chatterley’s Lover de D.H. Lawrence) ou subversives par la critique politique qu’elles véhiculent − en lien, bien entendu, avec leur contexte historique (dans certaines œuvres de Nadine Gordimer ou André Brink sur l’Apartheid par exemple).

La question de la controverse autour de l’œuvre d’art est indissociable de celle de la censure. Ainsi des romans comme Brave New World, censuré à sa sortie en Irlande, ou The Catcher in the Rye, une des œuvres les plus fréquemment interdites dans les bibliothèques américaines, ou encore The Absolutely True Diary of a Part-Time Indian de Sherman Alexie peuvent être évoqués comme révélateurs de valeurs morales de la société dans laquelle ils ont déchaîné les critiques. À partir de phénomènes comme « Banned Books Week » ou les trigger warnings affichés à l’entrée de certaines expositions aux États-Unis, les élèves peuvent également réfléchir sur la notion de bienséance, de political correctness et sur les critères qui peuvent conduire à limiter ou non l’accès à certaines œuvres.

Il peut enfin s’avérer pertinent de s’interroger sur le positionnement des artistes, selon qu’ils cherchent à faire polémique (comme le street artist Banksy lorsqu’il orchestre la destruction de son œuvre Girl with a Balloon), qu’ils refusent de se soumettre à des critères non artistiques pour concevoir leur œuvre (comme le suggère Oscar Wilde dans la préface de The Picture of Dorian Gray) ou que le débat naisse à leur insu, voire qu’ils cherchent à l’éviter en s’imposant une forme d’autocensure (comme E.M. Forster, qui n’a pas souhaité que soit publié de son vivant Maurice, roman relatant une histoire d’amour homosexuel).