Axe d’étude 1 : Art et contestation

Les liens qui unissent l’art et la contestation sont multiples. À travers cet axe d’étude, on se
penche sur l’utilisation du support artistique pour défendre un point de vue, apporter un
témoignage, dénoncer une injustice et s’inscrire ainsi dans les grands débats sociaux ou
politiques propres à une époque et à un lieu donnés.
La contestation d’un ordre social établi est souvent directement liée au geste de l’artiste qui
s’engage dans un débat pour y prendre position voire qui utilise son art à des fins militantes.
L’œuvre d’art peut alors remettre en cause les opinions dominantes et devenir subversive,
qu’elle passe par la satire ou la caricature sociale (peintures et gravures de William Hogarth),
par la chanson politique (Joan Baez, Pete Seeger), par le roman à visée sociale (Daniel
Defoe, Charles Dickens) ou anticoloniale (V.S. Naipaul, Chinua Achebe), ou encore par le
détournement pictural (Andy Warhol, K.J. Marshall). En incarnant des idées, en leur donnant
chair et forme dans des personnages, des situations, des images ou des sons, en suscitant
l’émotion, l’indignation, le rire ou l’enthousiasme, les arts confèrent à ces idées un impact
parfois considérable. Nombre d’œuvres d’art ont ainsi permis de sensibiliser le public à une
cause, qu’il s’agisse des pièces d’Oscar Wilde ou de Harold Pinter sur les classes sociales
au Royaume-Uni, des romans de John Steinbeck ou des photos de Dorothea Lange sur la
Grande Dépression, des tableaux de Norman Rockwell sur la ségrégation ou des films de
Ken Loach ou de Mike Leigh sur les milieux populaires au Royaume-Uni.
L’art peut aussi contenir une charge dénonciatrice et se révéler porteur d’une contestation de
certaines normes sans que l’artiste n’entre pour autant dans une démarche explicite
d’engagement, comme on peut le voir par exemple à travers la musique d’Elvis Presley dans
l’Amérique des années 1950. La distinction entre la contestation dans l’art et l’art
contestataire est alors féconde pour distinguer ce qui relève de l’intention artistique de ce qui
est lié à la lecture d’un contexte social.
Cet axe d’étude s’intéresse donc à des situations où les artistes construisent leur œuvre en
réaction ou en opposition aux idées et réalités de leur temps – qu’ils se positionnent en
témoins et spectateurs ou qu’ils mettent plus directement leur pensée et leur art au service d’une cause. Ainsi, les artistes du monde anglophone ont su exprimer à travers leurs œuvres une forme de résistance à l’oppression sociale ou politique, aux différents types de discrimination (contre les femmes, les minorités ethniques ou sexuelles, etc.) ; une opposition au colonialisme, à la guerre, au progrès, etc.
Bien que souvent apparentée au progressisme, la contribution des artistes au débat d’idées
peut à l’occasion être plutôt qualifiée de conservatrice, nostalgique, voire réactionnaire (le
poème « Mandalay » de Rudyard Kipling ; le roman Brideshead Revisited d’Evelyn Waugh ;
la chanson « If the South Woulda Won » de Hank Williams Jr.) : c’est à travers cette diversité
qu’on peut éclairer les thèmes historiques ou civilisationnels qu’explorent les élèves de
terminale.
Il convient enfin de s’interroger sur les choix esthétiques qui peuvent constituer en euxmêmes un engagement (écritures expérimentales à la Tristram Shandy de Laurence Sterne ;
street art).
Les connaissances des élèves, acquises tout au long de leur parcours d’éducation artistique,
sont mobilisées et mises en valeur dans cette perspective.