L’art du débat

Le débat prend de multiples formes et sert des fonctions très diverses. Il va de la conversation la plus élaborée aux échanges dans lesquels la violence des mots traduit l’indigence de la pensée.

La maîtrise des mots peut être à double tranchant : elle peut permettre de convaincre, d’emmener l’auditoire avec soi – on pense aux discours de Winston Churchill, Susan B. Antony, John Fitzgerald Kennedy, Martin Luther King – ou, à l’inverse, se transformer en arme de manipulation ou de propagande, comme en témoignent la rhétorique de Marc- Antoine dans Julius Caesar de William Shakespeare, les discours de Major dans Animal Farm de George Orwell ou ceux, caricaturaux, du Dictateur de Charles Chaplin. On peut s’intéresser à l’utilisation de la parole dans les domaines politique ou judiciaire, par exemple à travers les innombrables scènes de procès qu’offre le cinéma américain (12 Angry Men, Philadelphia, Mississippi Burning, The Crucible) ou la célèbre mise en scène du filibuster dans Mr Smith Goes to Washington de Frank Capra.

Parfois, l’échange verbal est élevé au rang d’art, avec ses codes, son jeu, ses rituels, qu’il s’agisse des joutes verbales pleines de mots d’esprit (witticisms) chez Jane Austen, Woody Allen ou Quentin Tarantino, des débats théâtralisés du jeu politique à la Chambre des communes ou même de la tradition très codifiée des battles en hip-hop, où la virtuosité verbale permet de triompher de ses adversaires. Cet art de convaincre est aussi l’enjeu des debating societies dans le monde scolaire et universitaire (The Great Debaters de Denzel Washington). Il convient de le reconnaître et de le valoriser dans le discours des élèves.

La classe, et tout particulièrement celle de spécialité de langues, littératures et cultures étrangères, est le lieu idéal pour l’apprentissage des compétences requises pour la prise de parole en public : confiance, maîtrise de la langue, posture, lexique étendu, art de la répartie. On peut s’appuyer sur des œuvres qui donnent des clés pour surmonter les préjugés, les handicaps et les craintes liés au langage : les cours de diction dans Singin’ in the Rain ou My Fair Lady, ou encore la thérapie qui permet au roi George VI de dompter son bégaiement dans The King’s Speech.